LE VILLAGE :
L'écoulement des eaux en bas du village ainsi que la fontaine sont aménagés. Ce quartier très marécageux est assaini. De profonds fossés bordent les chemins du village non empierrés. Dans le bas du village et sur deux longueurs au MIRSTAINE, le chemin principal est recouvert de troncs de chêne. Devant chaque maison se trouvent des ponts en bois, des puits à tourniquet avec margelle, et des auges en pierre de taille devant celle des cultivateurs et manoeuvres. Trois baignoires sont à la disposition des laboureurs, ils y conduisent journellement en période de labour leurs chevaux. L'une est située en bordure du chemin du Lhor, l'autre près de la maison n° 15, la troisième en bas du village elle reçoit l'eau de la fontaine. Derrière les principales maisons se trouvent des réservoirs d'eau. Tel est BISPING en 1750.
Le village ne présente plus l'aspect délabré du début du siècle, les constructions sont toutes relativement récentes, les plus anciennes n'ont pas plus de 50 ans. Seule l'église ne paie pas de mine. Sa tour est décrépie, les voûtes peu élevées menacent de ruine depuis qu'une troisième cloche y a été montée en 1746, a tel point que les trois cloches ne peuvent pas sonner en même temps. Cette tour abrite depuis longtemps une horloge sonnant les heures. En cette année 1753, une nouvelle tour est construite à l'église, c'est l'actuelle tour, bien plus élevée que l'ancienne. Elle est couverte d'ardoises. A côté, la nef fait un piètre contraste. Celle-ci, paraît misérable, car elle ne fait que 6 mètres de haut, n'a que quatre petites fenêtres, et est couverte de tuiles creuses. C'est aussi le début de la reconstruction des maisons incendiées, elle se poursuivra les années suivantes. La première maison reconstruite est celle de Marcel GRAND, c'est la plus belle du village honnis la cure et deux autres construites par la suite, l'une en 1781, maison CHATEAUX, l'autre en 1790, maison LABOURE anciennement Constant COLIN. La maison Constant COLIN, a été construite par l'ancien régisseur des domaines de LINDRE-GUERMANGE, propriété du Général Comte de CUSTINE. Après, le passage du Comte à Bisping en 1792, le régisseur s'est suicidé, et la maison achetée par le sieur COLIN. La maison CHATEAUX est entièrement construite en pierre, chambranle de porte, fenêtres, lucarnes, escalier en pierre de taille. Elle a une grange, et une grande double écurie à l'usage des rouliers relayant Bisping. A l'époque le trafic est intense sur le chemin dit de SARREBOURG-DIEUZE-ST AVOLD. Ces belles constructions et toutes celles des principaux laboureurs, notamment les nouvelles bâtisses de chaque côté du chemin en dessous de l'église, donnent un bel aspect au village à la fin du 18ème siècle, les chaumières sont malgré tout encore très nombreuses. Il y en a quelques unes sur le chemin principal, les autres pauvres et misérables se sont édifiées en dehors et échappent à la vue des voyageurs qui traversent Bisping. Ceux-ci sont persuadés que le village est assez riche. Depuis le début du 18ème siècle, la population a plus que doublé, tandis que le nombre de familles un peu fortunées ou aisées, propriétaires de terres n'a pas augmenté. Les trois quart des familles sont pauvres, voire même très miséreuses. Si elles sont venues à Bisping et y ont fait souche, c'est qu'elles y ont trouvé des avantages: ceux d'avoir la possibilité, par suite des attributions de bois, de se construire une chaumière, d'être chauffées par les affouages, de trouver du travail dans les bois. Le village compte 128 habitations réparties : rue Mirstaine, devant Mirstaine, rue du Tillot, milieu du Haut, Bas milieu, sous l'Eglise, Rebgarten, Loriquette, à la Butte, sous Hohlgasse, à la Bonnmatt, Breistmatt, Polmersmatt, rue d'Angviller, rue de St Jean. En 1815, le classement de l'impôt basé sur le nombre des ouvertures, portes et fenêtres, nous donne une image exacte du village. Seules deux maisons sont classées en première, deux en deuxième, sept en troisième, quinze en quatrième, vingt- six en sixième, vingt-trois en septième, et trente-deux en huitième. Les dernières sont les chaumières d'une seule pièce, à la fois chambre -cuisine. C'est dans ces masures que vivent les familles les plus pauvres avec beaucoup d'enfants. Ci-dessous les noms de familles disparues du village, étant propriétaires d'une maison en 1815: ACKERBACH, ANDRE, ARNETTE, BARBIER, BEAUCOUR, BEAUPEURT, BEHEM, BELLEN, BIENTZ, BLUSSON, BONTON, BOUCHE, CAPS, CHENEL, CHOULEUR, CHRISTOPHE, CORBIER, CROIS, CUILLERE, DEMANGE, DIETRICH, DOCTEUR, ETIENNE, FLOCQUET, FORFER, FRANCOIS, GABRIEL, GENSON, GIRARD, GUIDOLET, GRIMONT, GROS, GUILLARD, HANS, KENETZ, KLEIN, LAMBER, LANG, LARCHER, MARSCHAL, MATHIEU, MICHEL, NAGLE OHMER PETIT, PETITJEAN, PERRIN, PLENEUR, RICHARD, ROBERT, SCHMITLIN, SIMON, STRIFLEUR, STRINGLER, TRIBU, TISSIER VALLE, VILLE, VIVARELLE, VAUTRIN. Après 1830, les masures disparaissent peu à peu, d'une part, car les familles pauvres qui ont des enfants émigrent. D'autre part, les grands travaux dans la région assurent un meilleur gain ce qui permet de réparer, d'améliorer les toitures, de remplacer les chaumes par des tuiles et de construire. La traversée du village et des usoirs sont empierrés, La baignoire et la fontaine du bas du village sont aménagés, Le mur du cimetière est rénové. En 1852, la municipalité décide la réparation de la tour de l'église, ainsi que de la nef et du coeur. Ci-dessous le texte de la délibération du 20 février 1853: - Considérant que l'église est véritablement dans un très mauvais état, - Que les pluies pénètrent de toutes parts dans le coeur et la nef que dans la sacristie, ce qui, à différentes fois déjà, a jeté le désordre parmi les fidèles pendant l'office religieux, qui pour celte raison a dû être interrompu, car les pluies tombaient en 10 et 12 endroits à la fois et en abondance, les fidèles ont été obligés de quitter leur place, - Que plusieurs poutres, chevrons de la toiture étant pourris, le lambris supérieur vermoulu, et le plafond du coeur détrempé inquiètent le repos des fidèles, - Que les murs de la tour et ceux de l'église se détériorent nettement sous l'action des neiges et provoquent d'énormes gouttières, - Que l'air des jours d'été se corrompt aisément à cause du trop peu d'élévation du lambris qui n'a que 5,30 mètres de haut et occasionne fréquemment des malaises et pâmoisons, - Que la lumière donnée par 6 fenêtres ou plutôt par des lucarnes carrées pratiquées dans les murs de la nef est insuffisante, - Que le nombre des places devenues insuffisantes pour contenir les fidèles nécessite la construction d'une tribune autre que la hideuse galerie qui s'y trouve, - Que pour tous ces motifs l'édifice est certainement compromis, et l'exercice du culte religieux infailliblement menacé dans la dite église si l'on n'y porte pas un prompt remède. Vu la demande du conseil de fabrique du 2 janvier 1853, tendant à obtenir qu'il faille procéder, immédiatement, dans les plus brefs délais aux réparations de l'église paroissiale. En 1853, La municipalité décide d'affecter pour Le financement de ces travaux les ressources de deux coupes de bois, du quart en réserve, soit 800 pièces. L'architecte VIENOT de Nancy est chargé d'établir les plans et devis qu'il chiffre à 13 700 francs. Ce devis envisage le réemploi des fondations et des matériaux. Après, démolition, l'on constate qu'il faut y renoncer. L'architecte informe qu'il faut prévoir 16 000 francs. Le remplacement des bancs, du plancher, amène finalement les dépenses à 20 000 francs. Cette dépense est soldée par le produit de la vente de plusieurs coupes de bois et le montant réalisé par la vente du droit de vaine pâture de l'étang de Bisping, soit 2 500 francs. La maison d'école plus que centenaire aurait besoin de réparations et principalement d'un notable agrandissement. L'instituteur y a son logement ainsi qu'une religieuse, et les élèves dépassent le nombre de 120. A défaut de place, la seule solution est une nouvelle construction, qui en même temps sera la “mairie-école”. Elle comprendra deux classes, un logement pour l'instituteur, et un autre pour l'institutrice. Le terrain 10 ares, est acquis pour la somme de 2 400 francs, prix très élevé si l'on considère que la valeur des terres est de 400 à 600 francs l'hectare, que le salaire de l'instituteur est de 700 francs par an. Le devis de construction se monte à 26 870 francs. L'architecte est VIENNOT de Nancy, l'entrepreneur adjudicataire JACQUOT de Bisping. Les dépendances agricoles à l'usage du maître d'école, écurie pour deux vaches, deux réduits à porcs, poulailler, chambre avec four à pain, le tout surmonté d'un grenier, les murs de clôture, lieux d'aisance reviennent à. 5 617 francs, le mobilier scolaire à 1 772,60 francs. L'ancienne école mise en vente est adjugée à 1 600 francs. En octobre 1868, c'est la rentrée scolaire dans la nouvelle école : 60 garçons, 52 filles. Un crédit de 1 200 francs permet en 1869 de faire le premier caniveau de l'école, en dessous du presbytère; 900 francs ont été affecté à l'empierrement de 4 ruelles. Le chemin classé route départementale n° 17, n'est plus à la charge de la commune, ce qui permet les années suivantes la réalisation de caniveaux, l'empierrement des rues. Tous les ans, les petites maisons disparaissent. En 1898, la dernière petite maison couverte de chaume est détruite par un incendie. Le cimetière entourant l'église depuis une date immémoriale, jadis clôturé par une palissade a été entouré d'une muraille à la fin du 17ème siècle. Au cours du 18ème siècle, le cimetière a été le théâtre d'événements graves tels que bagarres, meurtres, suicides, on ne saurait dire. Evénements graves pour provoquer plusieurs fois l'interdit. Durant ces périodes assez longues, jusqu'à une nouvelle consécration les défunts de Bisping ont été inhumés à Angviller. Déjà, à cette époque les familles aisées érigeaient des monuments funéraires en pierre de taille des Vosges. Les épitaphes (longues) indiquent l'identité bien détaillée des défunts. En voici deux des plus anciennes (en lettres majuscules), gravée dans la pierre: “MARIE HENRION EN SON VIVANT EPOUSE UN SIEUR JEAN-ANDRE DE BISPING, DECEDE LE PREMIER FEVRIER 1738 AGE DE 20 ANS, PRIEZ LE REPOS DE SON AME”. “ICI REPOSE LES RESTES MORTELS DE JEAN-FRANCOIS-CHRISTOPHE NAGLE AGE DE 30 ANS, EPOUX DE FEU MAIRE-AGNES ARNETTE CHEF D'ATELIER SUR LES TRAVAUX DU CHEMIN DE FER AU GRAND SOUTERRAIN D'ARCHVJLLER, DECEDE A L'HOPITAL DE SARREBOURG LE 14 AOUT 1848 A 10 HEURES DU SOIR, INHUME LE LUNDI 16 AU SUIVANT, AU MILIEU DES PLUS GRANDS REGRETS DE SA FAMILLE, VICTIME DE SON DEVOUEMENT. REGUIES ANT IN PACE, AMEN”. Au début du 19ème siècle est aménagé dans le cimetière une allée empierrée qui en fait le contour. En 1825, est érigée la croix de mission. La date d'aménagement du cimetière protestant n'est pas connue. Elle doit probablement se situer dans la première moitié du 19ème siècle. En plus des défunts de Bisping inhumés dans le cimetière d'Angviller durant les périodes d'interdiction de celui de Bisping, trois défunts ont été inhumés hors du cimetière: En 1739, le chevalier d'UNESME Baron DE DORDALE , en 1746, sa femme Marie-Nicole née de MARCIN, à l'intérieur de l'église devant l'autel de la Vierge, le 15 juillet 1834, Antoine MOUCHE, curé de Bisping, à gauche de la porte d'entrée de l'église, au pied de la tour, - Plusieurs membres de la famille Suisse, ménonites, exploitant le moulin de Nolweyer et les terres environnantes, dans le jardin de cette propriété.
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