On ne saurait indiquer même approximativement, l'époque qui a vu s'implanter sur le forage de BISPING un certain nombre de familles pour y vivre en communauté et fonder un hameau. Cette naissance se perd dans la nuit des temps et remonte peut-être bien au-delà de l'ère chrétienne. Il est certain que ce village de peu d'importance, situé à proximité des routes romaines, mais en dehors, n'a joué aucun rôle historique au cours des siècles. L'absence de tout vestige et le fait qu'aucune découverte archéologique n'a été faite sur le territoire, le confirme.
A notre connaissance, c'est MEURICE qui dans son histoire sur les Evêques de Metz des premiers siècles, fait connaître l'existence du village. II y relate entre autres, que St Auctor, évêque de Metz, fait prisonnier par les barbares avec de nombreux habitants, a été entraîné jusqu'à un village dénommé DIXPAING. D'après la légende, les barbares frappés de cécité rendirent la liberté à leurs prisonniers. LEJEUNE et plusieurs autres historiens reconnus pour avoir fouillé les documents les plus anciens et étudié l'histoire régionale, indiquent que le nom de DIXPAING cité par MEURICE est incontestablement l'actuel village de BISPING. Ce n'est d'ailleurs que depuis la guerre de Trente ans qu'il porte ce nom.
HISTORIQUE:
Du 15ème au 17ème siècle, les écrits nous confirment que le village a été désigné sous différents noms: BISPEN, BISPINGEN, BISPENGES, BUCHEPIN. Il est vraisemblable que de son origine jusqu'au 12ème siècle, le nom a souvent varié.
L'existence de BISPING avant l'an mille est irréfutablement prouvée par d'authentiques documents dont un parchemin datant du 12ème siècle. Parchemin tiré des archives du chapitre de l'église collégiale des chanoines de STE MADELEINE de Verdun.
Il est reconnu à ce chapitre la jouissance des deux tiers de la dîme sur le finage du village de Bisping (à l'exception d'un canton situé vers Albeschaux). Jouissance que le chapitre détient depuis sa fondation, c'est à dire bien avant l'an mille, le troisième tiers étant reconnu à la cure.
Un autre document atteste ces indications. C'est une bulle du pape Eugène III de l'an 1147 des archives de l'abbaye "des dames de Vergaville". On y confirme le droit de jouissance pour ces dames de la totalité de la dîme sur le canton du finage de Bisping situé vers Albeschaux et sur lequel le chapitre de STE MADELEINE et la cure de Bisping ne pouvaient espérer prétendre.
Le terrier (registre cadastral) de 1697 attribue aux différents cantons réunis, désignés du nom de "canton des dames de Vergaville", une contenance (surface) de 140 jours en première saison et 252 jours en deuxième saison (jour = mesure, saison = division de la terre).
Il est fort probable que ces dotations du droit de dîme remontaient très loin et que peut être, par suite de la destruction du village ou de son abandon durant une assez longue période, cette dîme n'a plus été perçue par ses bénéficiaires. A la reprise de la vie au village d'autres communautés religieuses ont voulu en profiter à nouveau.
Au cours des siècles suivants, notamment au 15ème, des contestations justifièrent des bulles et des décrets impériaux continuant à reconnaître le paiement de la dîme au chapitre, à la cure et aux “dames de Vergaville” dans les mêmes proportions.
A partir du 16ème siècle, il n'y a plus eu de revendication, les bénéficiaires ont joui de cette dîme jusqu'à son abolition en 1789.
Une fois au moins, les Chanoines ont aliéné cette dîme en 1294 pour une durée de 9 ans. Il semble qu'ils y ont ensuite renoncé après s'être aperçus que la dîme collectée à leur profit par un résident au village, avait un meilleur rendement. C'est à ce collecteur (un laboureur de Bisping) que les Chanoines ont confié l'exploitation des terres et prés, leur appartenant sur le finage.
Des documents de 1294, 1374, 1408, 1494, 1511, 1574, 1594, 1621, 1688, 1697, 1713, 1720, 1730, 1770, les registres paroissiaux de 1685 à 1792, les comptes-rendus et rapports au Duc de Lorraine et à différentes administrations : Châtellenie, maîtrise des Eaux et Forêts, Plaid-Annaux des Ducs et des Comtes de St FELIX, permettent par l'analyse de leurs contenus de reconstituer une bien petite et incomplète histoire du village de Bisping avant la Révolution.
C'est dans les décrets, ordonnances du chef de district, différentes correspondances, registres de l'état civil, délibérations de la municipalité que sont puisés les renseignements bien incomplets de la fin du 18ème au début du 20ème siècle. Incomplets du fait que la plupart des registres municipaux ont été détruits lors de l'incendie du bureau de la mairie puis dispersés par les troupes américaines (en 1945).
Déjà, au cours de la guerre de 1914-1918, la presque totalité des documents du Moyen-âge à la Révolution, des parchemins originaux rédigés en allemand annexés d'une traduction, certifiés par les tabellions de Dieuze et Sarrebourg, avaient été enlevés de la mairie en 1916 pour être déposés aux Archives. Mais les recherches après guerre ont été vaines.
L'appartenance du village de Bisping avant qu'il n'échut au Duc de Lorraine en tant que Seigneurie ne peut être indiquée. C'est vraisemblablement des princes allemands qui le détenaient. On présume que c'est lors de l'investiture du premier Duc de Lorraine par l'Empereur d'Allemagne CONRAD II en l'an 1048, que la Seigneurie de Bisping lui a été attribuée. Sauf pour de courtes périodes d'aliénations, Bisping est resté aux Ducs successifs près de 700 ans.
Au début du 14ème siècle, la Seigneurie est aliénée à la famille GUEROLECK détenant à l'époque une partie de la Seigneurie de Fénétrange.
En 1374, BLANCHE FLEUR de FOLKENSTEIN, veuf de Fénétrange, la prend aux GUEROLECK mais ne la conserve que peu d'années.
En 1408, la Seigneurie se trouve entre les mains du Chevalier Jean DE HESSE. Quelques années plus tard, reprise par le Duc de Lorraine, elle ne semble plus avoir été aliénée, aucun document n'en fait mention.
Au début du 18ème siècle, le Comte GEORGES DE MARCIN rend au Duc foi et hommage pour la Seigneurie.
En 1726, elle est définitivement cédée en propriété à la famille des Comtes de St FELIX.
La Seigneurie comprend des droits de haute, moyenne et basse justice, la perception des amendes y afférent, de multiples redevances et taxations pour certaines activités, (par exemple le châtrage des bêtes mâles etc.), l'obligation de remettre au Seigneur la langue des bêtes abattues ou de payer à son représentant une redevance, de fournir une quantité de bois suffisante, du droit de chasse en tout temps sur toute l'étendue du territoire.
C'est pour témoigner des droits de justice qu'ils détenaient que les Ducs de Lorraine et plus tard le Comte de ST FELIX ont fait ériger à titre symbolique et entretenir une potence à l'entrée du finage en venant d'Angviller, en bordure de chemin. Cette potence na jamais servi, elle a disparu à la Révolution avec les privilèges qu'elle symbolisait. Les habitants ont continué à appeler ce coteau la « potence ».
Une charte de 1511, impose toutes sortes de charges, redevances, servitudes, dont une partie sera rachetée par les laboureurs. Cette charte oblige entre autre annuellement à la communauté de fournir et livrer gratuitement au château de Dieuze un charroi de fagots en provenance des forêts de Bisping. Ces fagots sont destinés au bûcher pour les exécutions par le feu faites à Dieuze pour toute la châtellenie. A cette époque, de nombreuses personnes, notamment des femmes dont deux de Bisping ont été exécutées pour sorcellerie.
En 1627, paraît un nouveau règlement de comptes. On y relève outre les charges déjà citées l'obligation :
d'entretenir en état de viabilité en toute saison le chemin allant de SARREBOURG à DIEUZE, non seulement dans le village mais sur toute l'étendue du territoire, terres et forêts,
la réfection et l'entretien permanent du pont à la sortie du village et celui de NOLWEYER,
la participation de tous les charrois nécessaires pour amener la terre, les pierres pour l'établissement des barrages des étangs de RORBACH, du grand étang de LINDRE,
d'assurer les charrois d'alevinage et de poissons,
d'entretenir deux aires de chasses et une aire d'oiseaux,
de participer en aussi grand nombre qu'il est demandé aux chasses organisés par le Seigneur ou son représentant,
d'entretenir le pressoir de KERPRICH où les récoltants de BISPING doivent pressurer leur raisin.
Toutes ces servitudes imposées sont gratuites, le Maire, le Syndic, les répartissaient à titre de corvée aussi équitablement que possible. Il est loisible aux corvéables de se faire remplacer.
Il y a également des servitudes payables, l'une des principales étant le charroi de bois aux salines de Dieuze et de Moyenvic. Ce bois provenait des forets de Bisping (communales et Fort-Buisson), ainsi que de St Jean.
En 1726, après avoir été sous la juridiction des Ducs de Lorraine près de 700 ans, la Seigneurie passe à la famille des Comtes de St FELIX aux conditions suivantes :
Dans le but d'améliorer l'élevage du cheval, le Duc LEOPOLD qui avait aménagé un haras dans une propriété lui appartenant à Willerwald prés de Sarralbe désire pour l'agrandir acquérir une ferme voisine.
Cette ferme est la propriété de deux enfants mineurs de la famille de St FELIX, Antoine et Marie-Jeanne, neveu et nièce du Comte de St FELIX, Seigneur de Marimont, qui est leur tuteur. Sollicité, celui-ci déclare dans l'intérêt de ses pupilles être hostile à toute vente mais disposé à examiner des propositions d'échange profitable à ses neveux. C'est alors que le Duc LEOPOLD propose les Seigneuries de Bisping et Bassing.
En ce qui concerne Bisping cette proposition est intéressante pour la famille St FELIX qui possède déjà sur le finage des terres et une petite forêt. Il en est de même pour Bassing qui voisine Marimont. Après expertise des revenus qui conclut à une évaluation supérieure des deux Seigneuries à celle de la ferme, le Comte de St FELIX donne son agrément.
Toutefois, cet échange réalisé par acte notarié doit être soumis au Parlement de Lorraine. Il est ratifié par un arrêt de la Cour de ce Parlement en 1726. Bisping est ainsi devenu Seigneurie de St Félix.
Il est évident que les principaux intéressés, les habitants du village n'ont pas été consultés, Il n'est pas exclu que ceux-ci se soient prononcés contre, car depuis la reconstruction du village, les Ducs et leur administrations s'étaient montrés débonnaires. Quant au Comte de ST FELIX, il semble avoir suivi l'exemple, car à la Révolution aucun grief n'est formulé à son encontre. Dépossédé des deux Seigneuries, le Comte apporte devant le tribunal la preuve par le contrat d'échange qu'il les détenait non pas comme bien Seigneurial mais à titre de propriété privée. Le tribunal reconnaît le bien fondé et le droit du Comte à une indemnité de dépossession ou à une restitution.
La municipalité sollicitée pour avis ne formule aucune objection à la restitution des terres appartenant à la Seigneurie.
La ferme de Willerwald faisant partie du domaine national n'est pas restituée à la famille de St Félix qui a sans doute été indemnisée. Cette propriété est encore actuellement désignés sous le nom de ferme des haras et appartient au département de la Moselle.
De même que jadis, les Ducs de LORRAINE, le Comte de St FELIX publie les plaid-annaux. Leur publication annuelle avait lieu un dimanche à la sortie de la messe après avoir été annoncée le dimanche précédent en homélie par le curé.
Les habitants rassemblés devant l'église par la sonnerie des cloches sont invités par le maire à écouter attentivement la lecture des nominations et révocations, des sanctions et amendes infligées, des infractions et abus constatés, des ordonnances de pouce et d'intérêt général. Par exemple :
interdiction aux cabaretiers et taverniers de donner à boire à des personnes ivres, à des mineurs, pendant les offices religieux, après le coucher du soleil aux habitants du village,
interdiction d'héberger des étrangers démunis de papiers,
interdiction de quitter le village ou de venir y résider sans autorisation,
interdiction à l'employé, ouvrier domestique, servante de quitter son employeur sans son accord,
interdiction aux employeurs d'embaucher qui que ce soit sans certificat de l'employeur précédent le déclarant libre de tout engagement,
interdiction absolue d'exiger des enfants un travail d'homme, de les malmener, de faire travailler ceux de moins de 13 ans avant et après le coucher du soleil,
défense de danser de nuit dans les granges à cause du danger d'incendie,
obligation de ramoner deux fois l'an les cheminées et deux fois inspection.
Il est également donné connaissance du montant des amendes auxquelles les contrevenants s'exposent, doublées en cas de récidive.
A maintes reprises, des ordonnances très sévères sont édictées pour prévenir ou enrayer les maladies contagieuses du bétail, le charbon pour les bovins et la morve des chevaux faisant de gros ravages.
Ci-dessous, textuellement une ordonnance extraite d'un plaid-annal aux environs de 1775:
« Le laboureur ayant un cheval suspect de morve doit après l'avoir isolé le signaler immédiatement au maire et au syndic. Maire et syndic doivent sans délai requérir un maître-maréchal pour examiner le cheval suspect S'il reconnaît le cheval atteint de morve sa décision est sans appel. A la diligence du Maire et du syndic, le cheval est à abattre de suite S'il persiste un doute, le cheval reste isolé et avec un deuxième maître-maréchal, ils examinent conjointement le cheval, prennent une décision définitive et irrévocable. S'il est reconnu non atteint, il doit rester isolé et subir tous les trois jours un examen pendant 15 jours. Cette quarantaine peut être prolongée sur décision du maître-maréchal ».
Le cheval atteint de la morve est donc abattu. L'enfouissement du cadavre doit suivre immédiatement à plus de 200 toises du village, à une profondeur de 6 pieds et recouvert de chaux vive. A l'écurie le pavé à l'emplacement du cheval et des voisins doit être arraché, transporté dehors, couvert de chaux ainsi que le sol de l'écurie. Sur la même largeur la crèche et le râtelier doivent être enlevés et brûlés ainsi que le harnais du cheval malade. Toutes ces opérations faites sous la surveillance et la responsabilité du maire et du syndic restent aux frais du propriétaire. Les autres chevaux de l'écurie doivent subir une quarantaine sous la surveillance du maître-maréchal. De très graves sanctions menacent les contrevenants.
Le Comte de St FELIX dénonce dans au moins l'un de ses plaid-annaux l'abus des pèlerinages, condamne les superstitions et croyances absurdes, la sorcellerie.
Il interdit aux adultes comme cela est coutume à Bisping de raconter lors des veillées devant des enfants et jeunes gens, des récits sur la manifestation des revenants, esprits, loup garou, d'accuser des concitoyens de sorcellerie. Il invite les parents à envoyer leurs enfants à l'école.
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Histoire de Bisping (57930)
Monographie de Marcel LALLEMENT
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