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LES FORETS :
Depuis une date que l'on ne peut préciser, probablement celle de l'attribution, les habitants de la communauté, indiscutablement propriétaire des bois, sont soumis à la servitude annuelle de livrer du bois à l'usage des salines de Dieuze et Moyenvic. Il semble que les quantités n'ont jamais été exactement déterminées. Les prélèvements sont laissés au bon vouloir des salines, ce qui n'a pas beaucoup d'importance, car le village n'a que peu de foyers, une trentaine au cours du 14ème et 15ème siècle. Cela sera diffèrent par la suite, les foyers doublant, les besoins des habitants augmentent.
Les salines qui appartiennent à l'évêché de Metz seront achetées par le Duc de Lorraine, mais non le bois de Fort Buisson qui alimente partiellement ces salines. De ce fait, les exigences des salines deviennent d'année en année plus importantes et provoquent des protestations et réticences de la part des habitants.
En 1574, l'acquisition, par le Duc de Lorraine du bois de Fort Buisson, propriété de l'évêque, atténue les prélèvements.
Plus tard, la guerre de Trente Ans, l'abandon du village pendant plus de vingt ans, puis la lente repopulation 14 foyers après trente cinq ans à la fin du siècle, font que le problème du bois ne se pose plus. Les réserves accumulées couvrent largement les besoins des habitants pour le chauffage et la construction.
Ce n'est que vers 1710, que la municipalité s'émeut de l'importance des prélèvements exigés par les salines, juge qu'ils compromettent le chauffage des habitants dont le nombre augmente d'année en année. La communauté conteste et refuse la livraison intégrale demandée, et fait valoir que d'après un accord du 15ème siècle, les prélèvements des salines ne doivent être préjudiciables aux besoins des habitants et être supérieurs à la capacité de production de la forêt et de ce fait la ruiner...
La conclusion de l'arbitrage de la maîtrise des Eaux et Forêts n'est acceptée ni par la commune, ni par les salines. Les expertises ordonnées se suivent et se contredisent, les arrangements à l'amiable étant impossibles, le litige est porté devant le parlement de Lorraine.
Le 18 novembre 1726, par un jugement, Je parlement solutionne définitivement le conflit. La commune est libérée de l'immémoriale servitude â livrer du bois aux salines, mais contrainte de céder en toute propriété 1/3 de ses bois, soit 1 050 arpents.
On ignore la réaction des habitants, mais ils ont dû ressentir une certaine satisfaction â ce que la Hettelmatt, considérée depuis des siècles être le rendez-vous des sorciers-sorcières de toute la région pour leur sabbat, se trouve comprise dans la partie cédée, située vers les étangs d'Angviller.
Le procureur du Duc de Lorraine revendique la parcelle du bois communale car suite à une erreur de l'arpenteur KICKER qui la fait figurer sur une carte dressée en 1713, à gauche du chemin de Sarrebourg, elle se trouve dans le bois du Fort Buisson, propriété du Duc.
La commune fait preuve des erreurs de l'arpenteur, constatées également en d'autres endroits, et de la jouissance incontestable de cette parcelle qui n'avait d'ailleurs jamais été revendiquée par l'évêque alors qu'il était propriétaire du Fort Buisson. Le procureur n'insiste pas mais laisse le litige en suspens.
Trente ans plus tard, la parcelle étant susceptible de fournir beaucoup de bois, son successeur revient à la charge et doit â son tour renoncer aux vues de l'arpentage de 1713. L'arpentage de 1756 fait ressortir les erreurs du précédent. Le 1/3 des bois cédés, par contrainte en exécution de l'arrêt du jugement de Lorraine n'est pas de 1 050 arpents, mais de 1215 soit 165 de plus.
En 1772, l'arpenteur ordinaire de la maîtrise de Eaux et Forêts, le sieur SALE, en présence de maître SIGISBERT, riche officier de la maîtrise de Eaux et Forêts de Dieuze, du maire, du syndic et autres représentants de la commune, exécute la délimitation et le bornage des bois communaux.
L'emplacement de chaque borne est authentifié par le dépôt au fond de chaque trou devant les réservoirs de tuileaux et de crasse de forge. Un procès verbal de plantation est rédigé pour chaque borne. Les propriétaires voisins le comte de St Félix, les chevaliers de l'ordre de MALTE, le procureur royal ne présentent aucune objection aux limites et au bornage Ceci jusqu'à l'arrivée sur le Rayeux, le maire demande alors de surseoir au bornage des 60 arpents de la Seigneurie. La municipalité ayant adressé une requête au conseil de sa majesté pour que les dits arpents fassent partie du quart de réserve, appartenant également â la commune.
Le procureur du roi informe le maire et l'officier de la maîtrise des Eaux et Forêts qu'il s'oppose formellement au bornage de cette parcelle (parcelle revendiquée depuis 1713) qu'il déclare comme appartenant à Fort Buisson, donc au domaine royal. La municipalité se voit contrainte d'engager une procédure en justice, elle charge maître HOUPPERT, avocat à Lunéville de la défense de ses intérêts.
Le procureur donne la preuve que depuis la carte et l'arpentage de 1713 la dite parcelle fait incontestablement partie du Fort Buisson, ce qui est exact, même si cette justification est contestée par la commune.
Il prétend également, que même s'il est fait démonstration d'une erreur, la carte et l'arpentage ont été confirmé en leur temps par le Duc de Lorraine, on ne peut y revenir.
A ces arguments maître HOUPPERT répond que l'erreur étant dûment constatée et prouvée, elle doit être rectifiée. Dans d'autres communes l'arpenteur KICKLER a commis des erreurs analogues, ceci notamment à Alteville et Bidestroff Ces communes ont porté les litiges devant le conseil de sa majesté, elles ont obtenu gain de cause, bien que ces arpentages et cartes aient été confirmés par le Duc, il ne saurait donc en être autrement à Bisping.
La commune a toujours eu la jouissance de cette parcelle, l'évêque propriétaire du Fort Buisson, ne la à aucun moment revendiqué et donc pas cédé en son temps au Duc de Lorraine comme faisant partie du Fort Buisson. De plus, l'acte de vente indique que le bois cédé par l'évêque à 2 000 arpents mesure de l'évêché, ce qui équivaut à 2 318 arpents mesure de Lorraine, alors que le récent arpentage en reconnaît 2 400, donc plus que de droit, et ce sans la parcelle en litige.
Le domaine royal s'est déjà enrichi de 165 arpents, lors de la contrainte de 1726 en faveur des salines.
L'acte de vente de 1574, fait nettement ressortir que la parcelle ne peut pas faire partie du bois cédé par le cardinal de Lorraine (évêque de Metz), il y est écrit :
“Qu‘elle est d'un côté délimitée par le chemin de SARREBOURG traversant la forêt communale.”
La commune obtient enfin gain de cause, et cela a été l'épilogue d'un conflit cinquante ans en suspens et relancé par trois procureurs.
En 1773, 140 hectares sont soustraits de la forêt communale pour former le quart en réserve destiné à faire face aux dépenses extraordinaires de la commune, Les quelques trois cents hectares restant, sont aménagés en vingt cinq coupes affouagères, 90 ans plus tard en trente coupes.
En 1850, il est procédé à la reconnaissance des limites du quart en réserve, au relèvement des bornes et au redressement de la goutte (ruisseau) dans ses parties les plus sinueuses.
Chaque année, la commune dresse la liste des affouagistes, pour prétendre en faire partie il faut avoir un foyer et faire cuisine à part. Le produit de la coupe est réparti en lots d'égale valeur, tirés au sort. Dans le prix du lot, sont inclus, non seulement les dépenses de façonnage, mais toutes celles afférentes à la forêt contributions, chemins, travaux, garde forestier, traitement du maître d'école, soeur ou institutrice.
En 1840, les grumes de chêne ont une valeur bien supérieure à celle du bois de chauffage, la municipalité en décide la vente et en déduit le montant réalisé sur celui imposé à la coupe, ce qui réduit sensiblement le prix des lots d'affouage. C'est à partir de cette date que sont vendues chaque année des grumes, autrefois, réparties en bois de chauffage.
A plusieurs reprises la municipalité est en conflit avec l‘administration des Eaux et Forêts, notamment après 1870. Le garde municipal prussien KOPP, refuse de marquer les chênes que la municipalité voudrait abattre pour réduire le prix des lots d'affouage. Sans doute, à juste raison le garde prétend sauvegarder l'avenir de la forêt.
Ce n'est qu'à partir de 1889, que pour la première fois est fait une entorse à la règle:
Faire couvrir une partie du budget communal par la coupe affouagère.
La délibération de la municipalité fixe à 12 marks le prix du lot, il devrait être du double. Le Kraise direktor (sous préfet) refuse de donner son approbation, demande que le lot soit porté à 24 marks Dans une nouvelle délibération, le conseil municipal expose la situation dramatique d'une partie de la population, due à ce que peu de travaux ont été exécutés sur les routes et dans les forêts. Beaucoup, n'ont pas l'argent nécessaire et seraient dans l'obligation de renoncer à leurs lots. Le Kraise direktor propose de porter le prix à 16 marks, ce qui est accepté.
Entre 1750 et 1780, le nombre des affouagistes est de 110 - 120, 170 en 1850 et retombe à 110 à la fin du siècle.
Au 18ème siècle, les forêts communales sont gérées par la maîtrise des Eaux et Forêts de Dieuze, ensuite par l'inspection des forêts de Sarrebourg. La commune a le libre choix de son garde forestier, celui-ci doit néanmoins avoir satisfait à un examen de capacité devant la maîtrise des Eaux et Forêts, et être agréé par elle.
En 1850, le traitement du garde forestier représente 4/5 de celui de l'instituteur, et il a droit à un affouage gratuit.
Après 1870, le poste de garde forestier étant vaquant, l'administration fait pression pour que ce poste soit confié au garde domanial du triage, moyennant le versement de 480 marks, montant majoré chaque année, 780 marks en 1882, 1081 marks en 1896.
Dès le 18ème siècle, l'adjudication des coupes domaniales ou communales se fait au rabais.
En 1790, le façonnage d'une corde de bois, ainsi que le cent de fagots est adjugé 30 sous,
En 1793, 37 sous (en 1790, le blé est taxé dans la commune 1260 sous le quintal,
En 1793, 21 francs).
Vers 1850, les bûcherons ont un petit pouvoir d'achat. Le façonnage du stère est passé de 1,10 francs à 1,50 francs.
En 1826, les bucherons ne disposent que des épines et des souches de moins de 0,15 m de circonférence. Le bois est façonné à quatre et six pieds, le chêne est écorcé sur place. L'écorce est mise en boues de 1,20 m sur 1,33 m, ces bottes sont achetées par les tanneurs de Fénétrange, Sarrebourg etc...
Il est fait des stères de quartiers de charme, de hêtre, de rondins en mélange charme, hêtre, chêne et autres bois durs, des stères de bois blanc de charbonette, de branches de chêne et deux classements de fagots.
En 1860, la valeur des différentes qualités de bois, indiquée par l'inspecteur MANGIN (père du futur maréchal) est la suivante
le quartier de charme - li francs., chêne 10 francs., mélange de rondins - 8 francs, bois blanc - 7 francs., charbonette et branches de chêne - 25 francs, fagots - 20 francs, et 30 francs le cent.
L'inspecteur donne à la même date les prix pour une journée de travail dans la forêt, 2,50 francs, pour un homme, 1,50 francs, pour une femme, c'est des journées de travail du lever au coucher du soleil.
Sur le finage, les forêts domaniales sont :
- pour une partie les bois que la commune a été contrainte de céder en 1726,
- l'autre partie, est le bois appelé Fort Buisson, qui appartenait au 15ème siècle à l'évêché de Metz. C'est de cette forêt que les salines de Dieuze et Moyenvic tiraient une partie de leur bois.
Les salines acquissent par le Duc de Lorraine, celui-ci a dû acheter le bois de Fort Buisson, car les salines éprouvaient de sérieuses difficultés pour s'approvisionner. La commune de Bisping, entre autre, refusait de satisfaire à leurs exigences. Le 14mars 1574, en forêt de Vincennes l'acte de vente a été signé. La cession de ces bois est faite par le cardinal de Lorraine (évêque de Metz) au Duc de Lorraine, moyennant la livraison annuelle d'un contingent de sel et le paiement de deux mille gros barrois.
Actuellement, en dehors de l'avantage d'un affouage et d'importantes ressources budgétaires, les bois ont peu d'incidence sur les ressources des habitants, cela était différent jusque vers le milieu du 19ème siècle. Un grand nombre de familles, les moins favorisées ont trouvé dans les bois du travail qu'elles n'auraient pas trouvé ailleurs, car les laboureurs ont des domestiques et des servantes.
En ces temps, les arbres fruitiers sont très nombreux en forêt. Un rapport indique qu'il y a plusieurs arbres par arpent, donc des milliers, leurs fruits sont réservés aux familles pauvres.
Le ramassage des poires, sauvageons, sorbes, prunelles, fraises, framboises, mûres, glands, faines représentent une appréciable récolte. Leurs besoins satisfaits elles troquent aux plus riches ces fruits contre des victuailles ou de l'argent. Elles se réservent les faines pour l'huile. Ces fruits achetés par les mieux nantis, leur permettent de faire de l'eau de vie, de la piquette et du cidre. Le moulin de Nolweyer est équipé dune meule et d'un pressoir.
De plus, un bon nombre d'ouvriers est occupé toute l'année à écorcer, équarrir, préparer des bois de charpente, débiter des troncs en planches, faire des palissades, des bardeaux, des échalas de vigne destinés à des régions dépourvues de chêne, notamment l'Alsace.
Les habitants qui ont peu du bétail mais peu de terre, peuvent le nourrir grâce à la vaine pâture dans les forêts communales, les forêts des salines et du Duc.
Les porcs sont admis dans certaines coupes. Les laboureurs tirent aussi de la forêt un important revenu en transportant en toutes directions, parfois très éloignées, les bois façonnés:
le charbon de bois à Lunéville et Nancy, les écorces aux tanneries, et annuellement 1000 à 2 000 stères à Dieuze et Moyenvic.
Les forêts assurent le chauffage à toute la population et lui permet de cuire le pain avec les fagots, de réparer et construire avec le bois. Ces bois ne sont accordés qu'après présentation d'un devis d'un maître charpentier et doivent être employés durant l'année pour l'usage destiné. Marqués sur pied, les bois seront abattus par l'attributaire qui n'aura qu'à payer un faible prix de faveur.
Ces attribution sont soumises à un contrôle sévère.
En 1790, deux laboureurs se voient infliger une amende et leurs chênes confisqués pour ne pas les avoir employés au cours de l'année. L'un déclare que le chêne destiné à une auge n'était pas apte à cet usage, l'autre que la cherté des charpentiers et le manque d'argent ne lui avaient pas permis de construire.
Ces deux laboureurs demandent l'intervention de la municipalité pour obtenir la levée de la confiscation et de l'amende.
Le bois mort réservé aux indigents ne peut être cherché que par charge à dos, à des jours et heures déterminés. La surveillance de la forêt est stricte, un habitant rencontré au Kalkboff avec des glands dans son chapeau est verbalisé et doit payer une amende.
Au 19ème siècle, les règlements se sont humanisés, pour la période de 1857 à 1866 inclue, le garde forestier ne sanctionne que 18 délits mineurs 5 pour enlèvement de bois mort, 3 pour avoir coupé de l'herbe, 6 pour délits d'exploitation, 1 pour cause d'incendie, les 3 autres sont des délits de pâturage et de chasse.
Le remplacement progressif du bois par le charbon aux salines et ailleurs se trouve compensé par de nouveaux débouchés facilités par le transport chemin de fer et canal.
L'inspecteur MANGIN écrit à la date du 17 décembre 1868 que :
‘'les bois de BISPING: charpente, sciage et terrains s'acheminent vers NANCY et PARIS.
D ‘importantes quantités de chêne sont destinées aux traverses des voies ferrées”.
Jusqu'aux environs de 1930, des scieurs de long, établissent dans les coupes leur chantier pour 1e sciage de ces traverses de voies ferrées.
Au 19ème siècle, c'est avec les revenus du quart en réserve, que d'importants travaux communaux sont effectués reconstruction de l'église, importantes réparations dans le presbytère, construction de la maison d'école, actuelle mairie-école, empierrement des mes du villages et des caniveaux.
Au 20ème siècle, entre autres, changement des cloches de l'église, pose des vitraux.
Les Forêts domaniales ou communales couvrent un peu plus de 1 100 hectares du finage de Bisping. Aucune, documentation connue ne permet d'indiquer la date d'attribution des bois à la commune de Bisping, et de connaître les attributaires.
En 1408, les habitants déclarent en être propriétaire depuis une date immémoriale.
La surface des bois communaux était en ces temps c'est ce que révèle l'arpentage de 1713 et jusqu'en 1726, d'un tiers supérieur à ce qu'elle est actuellement, soit 3 160 arpents (valeur qui varie entre 20 et 50 ares).
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commune de
BELLES - FORETS
Histoire de Bisping (57930)
Monographie de Marcel LALLEMENT
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